Paris (awp/afp) - Les résultats du premier trimestre de Société Générale, publiés vendredi, semblent laisser les investisseurs perplexes: l'action a perdu plus de 5% vendredi, après avoir commencé dans le vert.

Le retournement s'est fait en marge d'une conférence auprès des analystes financiers animée par le directeur général Slawomir Krupa, quelques heures après la publication d'un bénéfice net au premier trimestre supérieur aux attentes des analystes mais en baisse de 21,7% sur un an, à 680 millions d'euros.

L'impression d'un flou autour de certains objectifs financiers et une équipe de direction perçue comme "sur la défensive" ont joué dans le retournement de tendance de l'action en Bourse, explique un analyste joint par l'AFP.

Le titre a fini en baisse de 5,18% à 24,46 euros, après avoir atteint son plus haut niveau depuis plus d'un an en début de séance.

Le produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur, s'est élevé à 6,6 milliards d'euros entre janvier et mars, quasi stable (-0,4%) sur un an.

La banque de détail en France continue de souffrir: le bénéfice net de la division qui regroupe cette activité, l'assurance et la banque privée est divisé par plus de quatre sur un an, à 27 millions d'euros.

La rentabilité de ce métier, cible de plusieurs questions des investisseurs, est attaquée de toute part: choix de couverture financière à contre-courant, transfert des dépôts à vue (très rentables pour la banque) vers des supports d'épargne qu'elle doit rémunérer, coût de la fusion des deux réseaux historiques Société Générale et Crédit du Nord sous une même bannière SG...

Cette activité supporte par ailleurs une bonne partie de la hausse du coût du risque (sommes provisionnées pour faire face à de futurs impayés) au cours du trimestre, en raison de l'impact de certains gros dossiers, qui pénalisent plusieurs banques, précise le communiqué.

Les investisseurs sont également revenus sur un "incident" de trading impliquant deux traders à Hong Kong l'an dernier, "qui n'a pas eu d'impact et a conduit à des mesures correctives appropriées", selon la banque.

"Ça donne un sentiment de mauvaise organisation au sein de la BFI (Banque de financement et d'investissement, NDLR) de la +Socgen+", explique un analyste, et "jette le doute sur le contrôle des risques".

Ménage de printemps

Avec 690 millions d'euros de résultat net (+26,4% sur un an), la BFI est de loin le principal moteur du groupe. Elle affiche même un résultat net supérieur à celui du groupe entre janvier et mars, pour un PNB en baisse de 5,1%, à 2,6 milliards d'euros.

Les réseaux de banque de détail à l'international, couplés avec certains métiers spécialisés comme le crédit-bail automobile, affichent un résultat net en chute de 42,9%, à 272 millions d'euros, pour un PNB de 2,1 milliards d'euros (+3,9%).

Le tableau est parachevé par une ligne "hors pôles", comptabilisant entre autres la gestion immobilière du siège social ou certains coûts liés à des projets transversaux, représentant une charge de 309 millions d'euros.

"Plusieurs jalons importants ont été franchis ce trimestre dans l'exécution de notre feuille de route stratégique", a commenté M. Krupa lors d'une conférence de presse, "qui vise notamment à façonner un modèle plus simple, plus efficace et plus robuste".

Société Générale est engagée depuis un peu moins d'un an dans une phase de recentrage de ses activités, qui donne lieu à une vague de cessions sans précédent: elle limite drastiquement son exposition en Afrique et est en train de se séparer de ses activités de financement de biens d'équipement pour les entreprises.

Des rumeurs de marché entourent l'avenir de sa filiale dédiée à la conservation de titres, Securities Services (SGSS), regroupant un ensemble de services financiers spécialisés.

Fort de ce bilan, le directeur général Slawomir Krupa a été caricaturé le mois dernier par la CGT en bûcheron, surnommé "Kiventou", coupant à la hache les branches de l'arbre Société Générale.

La banque a par ailleurs annoncé en début d'année la suppression de 947 postes au siège parisien, en plus des 3.700 liées à la fusion des réseaux de banque de détail en France.

afp/rp